Première messe et consécration à Notre Dame de Paris : le Castrais David Montagne signera la réalisation de l’évènement
Le réalisateur David Montagne assurera, dimanche, la mise en images en mondovision de la cérémonie de consécration de l’autel de Notre-Dame de Paris et de la première messe.
Enfant du pays castrais, passionné de montage et de télévision depuis l’âge de 14 ans, il a à son actif de nombreuses émissions de télé et de grands directs tels que la venue du Pape en France ou l’arrivée de la flamme Olympique à Marseille.
Il nous raconte les derniers préparatifs à quelques heures de l'évènement :
- La réouverture de Notre Dame de Paris est porteuse d’une forte charge symbolique et émotionnelle. Est-ce que cela complique ou impacte votre travail de réalisateur ?
David Montagne : C’est bien sûr un événement particulier, avec un dispositif très important, mais j’ai tendance à dire qu’il faut le prendre comme un projet comme un autre sur le plan professionnel, sinon on peut très vite se faire dépasser par la valeur qu’on lui attache.
- Des dizaines de millions de téléspectateurs dans le monde regarderont la retransmission. Quel est votre objectif ?
David Montagne : L’enjeu de cette retransmission dimanche en tant que réalisateur est d’allier la redécouverte de la cathédrale et la mise en image d’une messe. Il faut que j’arrive à filmer le rite comme il se doit, en ayant en même temps des plans esthétiques qui permettent aux téléspectateurs du monde entier de d'apprécier à nouveau la cathédrale dans sa nouvelle version, blanche, lumineuse, en découvrant des ornements qui avaient disparus et qui désormais se révèlent.
Ils attendent cela aussi.
L’objectif va être de trouver un dosage fin, afin que chacun devant son poste ait l’impression d’y être, sans trop s'attarder sur la découverte du bâtiment, car ce que nous allons filmer dimanche c’est avant tout une consécration d’autel et la première messe. La cathédrale retrouve sa fonction principale.
Il y a un équilibre, une subtilité à trouver, c’est d’ailleurs ce que j’ai appris à faire depuis cinq ans en réalisant régulièrement le Jour du Seigneur pour France 2.
Pour la petite histoire, la première messe télévisée a eu lieu le 24 décembre 1948 dans le cadre du Jour du Seigneur imaginé par père Raymond Pichard, frère dominicains Ce sera le cas ce dimanche, 76 ans plus tard : un nouveau départ.
- Comment définiriez-vous le rôle du réalisateur ?
David Montagne : C’est de comprendre les enjeux de l'événement à mettre en image, d’imaginer le dispositif technique de caméras qui sera à même de témoigner de ce qui doit être vu et surtout ressenti à travers l'écran.
Cela représente tout un travail d’arbitrage pour placer la caméra à l’endroit qui lui permettra de rendre le meilleur témoignage de l’évènement. Et reproduire cela 23 fois, car il y aura 23 caméras sur le site dimanche.
Par exemple il faut imaginer comment l’hélicoptère et les drones vont se déplacer, travailler avec les équipes qui l'accompagnent avec la Préfecture de Paris pour les autorisations de vol, en sachant que tout peut changer au dernier moment en fonction des conditions météo.
- Et au moment du direct ?
David Montagne : Je serai dans le car régie, devant un grand pupitre, avec autant de boutons devant moi qu’il y a de caméras. Comme un pianiste qui choisit ses notes, il me faudra choisir le bon enchaînement de caméras pour créer une harmonie visuelle, comme un musicien crée une harmonie musicale. Faire en sorte de montrer ce qu’il y a de plus beau à chaque instant, arbitrer en permanence sur le meilleur choix et anticiper ce qui va arriver. La force d’une bonne préparation, c’est d’arriver au direct complètement détendu, et de se dire : Allez, à partir de maintenant, on donne toutes et tous le meilleur de nous-même ! Et pour cela j’ai énormément de gratitude pour les équipes qui sont à la manœuvre à mes côtés. C’est la force du collectif ! Seul je ne suis pas grand-chose.
- Nous sommes à j –2, où en êtes-vous des préparatifs ?
David Montagne : Le travail avec toutes les équipes qui travaillent sur le projet se passe d’une manière admirable, avec une fluidité absolument incroyable.
Les caméras sont installées. J’ai passé la journée de mercredi avec l’équipe, leur raconter comment je vois le projet. Et pour chacun des 23 cadreuses ou cadreurs, se mettre avec eux derrière la caméra et leur raconter leur histoire à eux, celle qui sera la leur pendant la cérémonie.
- Quel est le secret d’une réalisation réussie ?
David Montagne : Une belle réalisation, c’est aussi d’aller filmer pendant le direct ce qui n’était pas prévu : une émotion, le regard d’une personne émue, des gens qui sont habités par ce qu’ils sont en train de vivre, un rayon de lumière qui traverse la cathédrale, que l’on arrive à saisir parmi les 23 caméras et à passer à l’antenne…
Il faut se mettre en disposition d’accepter tout ce qui n’était pas prévu, ce qui est de l’ordre du beau et qui agrandit le projet. Le direct doit être un moment de plaisir en régie, car je crois que cette véritable joie traverse l’écran.
- Comment est née votre vocation pour l’image ?
David Montagne : Au temps de l'école primaire, j’ai vu Yves Mourousi à la télé, depuis la place rouge à Moscou, en pleine guerre froide, alors que moi j'étais dans les montagnes du Sidobre.
J’ai vu cette image de quelqu’un qui montrait quelque chose qui était à l’époque inaccessible, et je me suis dit : je veux faire ça. Être un passeur. Ma passion est née comme ça.
J’ai monté un club vidéo au lycée de la Borde Basse à Castres. J’ai fait des stages au service audio visuels de la Ville de Castres avec une équipe qui m’a amené sur des tournages, m’a appris les bases, les conseils pour faire un bon film et dont je me sers toujours. Je me souviens de supers pros ! Je pense souvent à eux.
Après, un BTS audiovisuel à Bayonne, des stages avec Christophe Dechavanne, et puis c’était parti…
- Une partie de votre famille est toujours à Castres et à Mazamet. Ils vont suivre la retransmission ?
David Montagne : Oui, ce sont mes téléspectateurs privilégiés. Quand je leur ai dit à 14 ans que je voulais faire de la télévision, ils étaient un peu désemparés, mais ils ont compris ma passion. Ensuite, ils ont un peu vécu mon métier par procuration, au fil de mes voyages et de mes émissions.