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PATRIMOINEC’est à Peyremoutou, sur les bords du Rieu Vergnet, qu’a été découvert l’un des plus beaux vestiges de ver- rerie forestière. Fouillé et restauré, le site permet de remonter le temps, d’ima- giner le four rallumé et le verre en fusion prendre forme au bout de la canne à sou er.Au cœur des forêtsLe noble art de verrerie était, depuis le XIIIe siècle, a aire de petite noblesse. Alors qu’il était interdit aux nobles de travailler, les gen- tilshommes verriers ont obtenu de Charles VI le privilège de travailler le verre sans déroger à leur état. Pour pratiquer leur art, ils vont devoir s’installer au plus près des ressources essentielles : l’eau, le sable des ruisseaux qui apporte la silice, et surtout le bois, nécessaire en très grande quantité pour alimenter de façon continue le four de fusion. Ce sera d’ailleurs une source de con its avec les villageois et autres utilisateurs de la forêt : avec près de huit stères de bois brûlées chaque jour, la déforestation va bon train et impose de se déplacer au l des campagnes.TRANSMISSIONLe ” Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers “ de Diderot et d’Alembert (gravure ci-dessus) donne une idée de la halle bâtie autour du four et de l’activité qui y régnait, dans la chaleur étou ante d’un foyer alimenté en permanence.LA VERRERIEFORESTIÈREDE PEYREMOUTOUCinq à six mois de “Réveillée”Au cœur de la Montagne Noire, sur les hauteurs de Saint-Amans-Soult, les hautes hêtraies cachent une histoire longtemps oubliée. Ici, pendant près de trois siècles, les gentilshommes verriers ont été au cœur d’une activité importante, sou ant des perles, des verres et gobelets, des bouteilles et carafes qui allaient orner les tables et demeures du Languedoc.S’il ne subsiste aujourd’hui que les vestiges de pierre, il faut imaginer une vaste implantation, autour d’un ou plusieurs bâtiments en bois et de pierre, regroupant le four de fusion, le four de recuit, le stockage et l’hébergement d’une dizaine de personnes, les verriers, les artisans bucherons, ferronniers, et autres ainsi que leurs familles. L’activité fonctionne par campagnes de cinq à six mois, la “réveillée”, pendant laquelle le feu ne s’éteint jamais. Les verriers se relaient autour du four, dans une chaleur étou ante, le foyer étant à tempé- rature constante de 1 100°. Autour d’un maître verrier, plusieurs apprentis – tous gentilshommes - s’a airent et se transmettent les secrets du métier.PÔLESSUD N°62/ 12