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p 10 À CÔTÉ DE CHEZ VOUS PatrimoineLes secrets du barrage des MontagnèsSous son apparence discrète, le barrage des Montagnès est un ouvrage uniquepar sa conception alvéolaire.Ce jour-là, le programme prévoyait la réception du Ministre de l’Intérieur Albert Sarraut, un banquet officiel au théâtre de Mazamet, des joutessétoises et une représentation théâtrale d’une ‘’tragédie paysanne en trois actes’’. Nous étions le dimanche 29 juillet 1934, et la grande affaire du jour était l’inauguration du barrage des Montagnès.L’ouvrage, situé à 680 m d’altitude, était destiné à alimenter en eau potable les habitants de Mazamet et d’Aussillon, assurant selon les termes de la presse de l’époque « une meilleure hygiène et santé publique ».Une digue constituée de 45 cylindres verticauxImposant par sa capacité de plus d’un million de mètres cubes, le barrage est aussi profondément innovant par sa technique de construction. Leprojet a été con é à l’ingénieur et centralien Henri Chabal, qui va développer un procédé inédit de digue en ‘’nid d’abeilles’’. Il n’y a pas trace d’autres ouvrages au monde construits sur le même modèle: la partie centrale du barrage est constituée de plusieurs rangées d’alvéoles cylindriques verticales, en béton armé, de 4 m de diamètre et d’une épaisseur de 20 cm. Le promeneur qui aujourd’hui passe sur la digue peut d’ailleurs visualiser ces alvéoles dont il distingue les 16 cercles supérieurs. Mais il ne soupçonne pas que sous l’eau, deux autres rangées de cylindres sont là, comprenant respectivement 6 et 13 alvéoles, posées sur le socle de granit. Sur les côtés, deux digues latérales viennent compléter l’ouvrage. Une troisième, quelques centaines de mètres plus loin, ferme le vallon devant le hameau des Montagnès.La solidité du procédé est irréprochable. Par contre, l’étanchéité va assez rapidement poser problème... Dans les années 60, des fuites importantes apparaissent. Elles vont nécessiter des travaux lourds et amener à repenser complètement le schéma de distribution d’eau potable sur le bassin mazamétain. Le journal municipal de l’époque indique que « la vidange du barrage ne pouvait être réalisée tant que les communes d’Aussillon et de Mazamet ne disposaient pas d’autres ressources en eau et de nouveaux moyens permettant d’assurer la continuité de la distribution ». Ce n’est qu’après le renforcement de la prise d’eau sur l’Arn et la création de l’usine de la station de Cucussac, avec ses deux réservoirs de 4000 m3, que les travaux nécessaires seront effectués en 1967.Une nouvelle vieLe barrage va continuer à fournir de l’eau potable jusqu’en 1989 où il change totalement de vocation. Avec son ouverture à la baignade, le site va s’inventer une nouvelle vie au service du tourisme et des loisirs. Pour cela il s’équipe d’une véritable plage et de structures de loisirs telles qu’aires de pique- nique, parcours sportif et accrobranche. Les pêcheurs, eux, sont depuis toujours au rendez-vous.Perle bleue environnée de forêts, le plan d’eau attire chaque été des milliers de visiteurs. Ils ne se doutent certainement pas, en plongeant dans l’eau claire, qu’ils doivent leur baignade à une prouesse architecturale !C’est lors des rares vidanges qu’il est possible de voir l’ensemble des alvéoles qui assurent la robustesse de la digue.